"Gooya News " (extraits)
Un régime qui a instauré le deuil et les pleurs comme pratique nationale peut-il réguler la sexualité ? ironise ce site iranien en exil.
La culture traditionnelle et religieuse ne conteste pas le rôle de la sexualité et l’admet comme un besoin instinctif. Néanmoins, notre accord avec les mollahs s’arrête là. Selon eux, le sexe n’est que désir, et seuls la moralité et le cadre religieux peuvent le réguler, sinon la société court à l’abîme. Pour cette raison, ils prétendent organiser les détails de la vie conjugale et des rapports sexuels. Jadis associée à la honte et au scandale, l’idée du sexe se trouve à présent dans la sphère de la répression de la République islamique. Ce faisant, les mollahs ont qualifié toute relation sexuelle d’acte impur et méprisable, et créé les conditions favorables à l’émergence de comportements marginaux et à l’essor de la prostitution.
Au lendemain de la révolution, les clercs au pouvoir ont lancé leur fameuse lutte contre la “prostitution” car, pour eux, la plupart des femmes iraniennes étaient des “prostituées”. Les intellectuelles étaient “prostituées” parce qu’intellectuelles, comme celles qui refusaient de porter le voile ou qui résistaient aux nouvelles lois injustes et réactionnaires. Se maquiller, se parfumer ou simplement vouloir être belle leur valait d’être qualifiées de “prostituées”.
Depuis vingt ans, cette vision de la femme s’est imposée par la force, et ce climat de répression et de tabou social a donné naissance, en retour, au phénomène de la prostitution chez les jeunes. Il existe, selon l’aveu des responsables, des dizaines de milliers de prostituées dans la seule ville de Téhéran, ce qui laisse le clergé sans solutions véritables (hormis la création de maisons closes islamiques...).
Un régime qui a imposé un cadre politique et social fondé sur une surveillance accrue de la population pourrait-il accepter des relations sexuelles libres et consentantes ? Un régime qui a instauré le deuil et les pleurs comme pratique nationale et qui réprime la jeunesse pourrait-il créer le cadre d’un épanouissement sexuel libre ? Il est grand temps que nos intellectuels affrontent ces problèmes malgré les contraintes, car ils concernent notre société tout entière. Il est grand temps que nous entamions un dialogue sur la sexualité et la jeunesse dans notre pays, mais ce débat exige du courage et de la franchise. Notre jeunesse n’a plus de modèles, elle n’a appris que le mensonge et l’hypocrisie. Ecoutons-la et parlons avec elle dans son langage avant qu’il ne soit trop tard.